Lave ta main, qu’elle soit belle et nette,

Réveille-toi, apporte une serviette :

Une salade amassons, et faisons

Part à nos ans des fruits de la saison.

Olécio partenaire de Wukali

D’un vague pied, d’une vue écartée

De ça, de là, en cent lieux rejetée

Sur une rive, et dessus un fossé,

Dessus un champ en paresse laissé

Du laboureur, qui de lui-même apporte

Sans cultiver herbes de toute sorte,

Je m’en irai, solitaire, à l’écart.

Tu t’en iras,
Jamyn, d’une autre part,

Chercher, soigneux, la boursette touffue,

La pâquerette à la feuille menue,

La pimprenelle heureuse pour le sang

Et pour la rate, et pour le mal de flanc.

Je cueillerai, compagne de la mousse,

La responsette à la racine douce

Et le bouton des nouveaux groseilliers

Qui le printemps annoncent les premiers.

Puis, en
Usant l’ingénieux
Ovide

En ces beaux vers où d’amour il est guide,

Regagnerons le logis pas à pas.

Là, recoursant jusqu’au coude nos bras,

Nous laverons nos herbes à main pleine
Au cours sacré de ma belle fontaine,
La blanchirons de sel en mainte part,
L’arroserons d’un vinaigre rosard,
L’engraisserons de l’huile de
Provence :
L’huile qui vient aux oliviers de
France
Rompt l’estomac et ne vaut du tout rien.
Voilà,
Jamyn, voilà mon souv’rain bien…

Pierre de Ronsard (1524-1585)

(in Premier Livre des Poèmes)


WUKALI/ 16/09/2014


Ces articles peuvent aussi vous intéresser