Animation movie, erotica or pornography, that is the question !
Comment être crédible et tenir une chronique sur le film d’animation, le dessin animé et faire abstraction de deux de ses composantes qui rassemblent un vaste public : le film érotique et le film pornographique ( deux natures différentes au demeurant) ? Dans la même veine comment présenter le sujet et quel film sélectionner pour illustrer notre chronique hebdomadaire? Ce monde de moins en moins souterrain et opaque de l’érotisme, quels qu’en soient les degrés, et certains sont loin d’être déplaisants, a trouvé dans le dessin animé un support de diffusion impressionnant. D’autant plus impressionnant au demeurant qu’il touche des publics adolescents ou adulescents pour reprendre une fine formulation, et cela dans le monde entier. Une« niche» comme l’on dit dans le marketing ! Le Japon est une des terres de prédilection de ce type de productions et les mangas à caractère sexuel sont innombrables. Ils ont d’ailleurs séduit le monde. Il est vrai que certains de ces dessins animés japonais sont d’une violence subliminale difficilement acceptables, d’autant plus qu’ils visent des publics mineurs donc plus influençables et fragiles. Mais le domaine est au demeurant international. Ce n’est pas un hasard si voila quelques jours Maud de Boer-Buquicchio envoyée spéciale de l’ONU pour la protection des enfants a manifesté son étonnement et tonné auprès du gouvernement japonais qui n’ a pas inscrit les mangas dans la liste des supports de diffusion de la pornographie. C’était sans compter sur la réaction des artistes japonais, des dessinateurs de mangas qui ont immédiatement réagi à cet oukase. Le quotidien britannique Le Guardian rapporte à cet égard le commentaire d ‘un des plus grands créateurs de mangas Dan Kanemitsu : «Il n’existe pas de mangas ou de dessins animés contenant de la pédopornographie» a-t-il dit «La pédopornographie implique des enfants, et elle doit être combattue pour cela. [De Boer-Buquicchio] voulait parler de représentations sexualisées de personnages à l’air enfantin dans les mangas et les dessins animés. Beaucoup d’artistes hommes et femmes au Japon dessinent des personnages d’une façon qui apparaît comme enfantine pour des yeux occidentaux. Par conséquent il s’agit du rejet d’un art populaire au Japon.»
Alors sans nullement botter en touche nous avons choisi de vous présenter dans WUKALI un film d’animation bien entendu érotique, puisque c’est le thème que nous avons choisi de développer cette semaine. Un film canadien : «La petite mort» de Jennifer Linton, dont les références à l’érotisme japonais sont manifestes ( (vous y remarquerez au demeurant la reproduction de la pieuvre d’Hokusaï). Ce qui est amusant, c ‘est que ce film a été sélectionné par le Berlin Porn Film Festival 2014 . Un vrai travail de réflexion pour le Père UBU, à croire que dames patronnesses et pervers de tous poils (pardon !) se retrouvent, c est le bal des extrêmes. C’est drôle non ? Juste une question, vous y voyez vraiment de la pornographie ? Le sujet au demeurant reste entier, il a trait à la liberté d’expression et les Enfers sont pleins d’oeuvres d’«artistes maudits» qui furent les plus grands de l’histoire de l’art et quelle que soit l’époque! Rappelons-nous l’excellente définition que donnait André Breton de la pornographie : «La pornographie, c’est l’érotisme des autres». Du Jardin des supplices d’Octave Mirbeau aux Onze mille Vierges d’Apollinaire que nous affectionnons tout particulièrement ( l’oeuvre sans exclusive comme le poète), «les fleurs du mal» de l’érotisme dressent leurs turgescences au ciel comme des obélisques solaires… ! ( toutes les interprétations littéraires, sémantiques voire structuralistes sont possibles !) Faut-il donc se renfrogner dans un puritanisme du mépris, dans un moralisme de petite vertu, dans une hypocrisie pour demoiselles aigries, de pères la pudeur ou de saints de façade ? Il en est d’autres plus accueillants… ! Pierre-Alain Lévy WUKALI 31/10/2015
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