Between two educational and cultural systems

Abha Dawesar est née à New Delhi et vit à New York et son sixième roman Madison Square Park paru aux éditions Héloïse d’Ormesson nous émeut et nous bouleverse, une déchirure, une émotion, une renaissance.

New York, un jeune couple dans un petit appartement. Lui, Thomas est au chômage, cadre bancaire, il est une victime directe de la crise financière, il fait du théâtre amateur et pour gagner de l’argent décide de passer l’examen d’agent immobilier. Elle, Uma travaille comme cadre supérieur. Alors qu’elle était enfant elle est venue d’Inde avec sa mère rejoindre son père médecin qui avait trouvé un travail aux États Unis d’Amérique. En couple depuis 5 ans, ils ont tout pour être heureux.

Olécio partenaire de Wukali

Mais Uma est prise entre deux cultures, celle qu’elle veut vivre, l’américaine, basée sur la liberté qui lui permet d’être une femme à part entière, et l’autre, l’indienne, qui la place dans un statut de totale soumission par rapport à ses parents. Elle veut vivre avec Thomas, se marier avoir des enfants avec lui, mais ses parents veulent la marier avec un Indien de préférence médecin. De plus, elle est encore sous la coupe de son père, alcoolique mais surtout pervers manipulateur violent qui la considère comme sa chose. Uma a peur de lui, tout comme elle voudrait protéger sa mère des coups, mais, cette celle-ci a tissé une vraie relation perverse avec son mari que l’héroïne n’arrive ni à comprendre ni à gérer.

Uma est écrasée, détruite par cet univers familial, en cinq ans elle n’a pas osé dire à ses parents qu’elle vit avec un américain blanc et elle se rend compte qu’elle est enceinte. Cet état va transformer totalement son univers, son couple ne peut qu’évoluer tout comme ses relations avec ses parents.

Abha Dawesar signe dans ce livre une magnifique quête identitaire à travers cette jeune femme tiraillée entre deux cultures et otage des traditions et de la tyrannie paternelle et parentale. Une lutte entre traditions passéistes montrant plus la peur de perdre un pouvoir que la recherche d’un équilibre social, et une acceptation de la société telle qu’elle est devenue. Jusqu’à la fin du roman, on ne sait qui peut triompher : le passé destructeur et avilissant ou l’acharnement à vivre et à aimer.

Ce tiraillement entre deux cultures se résume dans une perception temporelle de la vie, dans une acception de ce qu’est, et non de ce que l’on voudrait que soit, l’instant présent. Certains parlent de « carpe diem », Abha Dawesar, elle, développe brillament ce proverbe en deux phrases : « Le temps est lourdement pondéré, il ne prend sa force que dans le présent. Le passé est une simple épreuve du temps, l’enregistrement d’un présent, qui, un jour, a été  ».Voilà toute une philosophie de vie, cette philosophie qui accepte le présent tel qu’il est et non tel qu’il fut dans le passé. Le présent ne se répète pas, il faut l’accepter pour vivre et devenir l’homme ou la femme que nous sommes.
Un très grand livre, parfois drôle, sérieux qui ne laisse jamais le lecteur indifférent.

Émile Cougut


Madison Square Park
Abha Dawesar

éditions Héloïse d’Ormesson. 21€


WUKALI 07/04/2016
Courrier des lecteurs : redaction@wukali.com


Ces articles peuvent aussi vous intéresser