No words nor vocabulary are requested to understand this excellent animation movie dealing about totalitarianism and the negation of individual liberty


Le Processus est le premier film de [**Philippe Grammaticopolos*], scénario de [**Xavier de l’Hermuzière*], il date de 2001 ( Supinfocom/ Valenciennes). Un film intéressant à maints égards et cela tant par le traitement narratif de l’histoire, pour ses indéniables qualités graphiques (alternance de noir et de blanc), que pour son exceptionnelle bande musicale due à [**Yvo Malec*]

L’histoire est simple, banale même, de cette banalité qui a servi de matrice à cette horrible vingtième siècle et ses régimes totalitaires : communiste, fasciste, nazi, stalinien, maoïste… L’individu n ‘existe plus, il est broyé, insignifiant, négligeable, à peine un matricule, un numéro de registre administratif, pire, de camps. La déshumanisation en marche. Toute velléité d’originalité, d’existence indivividuelle et privée est empêchée, interdite, condamnée, proscrite. Je pensais en visionnant ce film à cet ouvrier allemand qui en 1936 à Hambourg entouré d’une foule faisant le salut nazi fut le seul avec courage à ne pas saluer à la manière hitlérienne. Il s’appelait [**August Landmesser*], hommage lui soit rendu !

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Plus de 3 disait [**Georges Brassens*] et on est une bande de C… [**André Gide*] pensait à peu près la même chose sous une forme plus affinée. Et oui, ils ont bien l’un et l’autre raison ! Et c ‘est ce dont traite à sa manière ce petite film d’animation. Un individu juste sorti d’un groupe de personnages enrégimentés, chapeautés, capotés, portant un uniforme bourgeois, redingote et couvre-chef, marchant au pas dans une stricte ordonnance militaire, voit au passage d’un portillon son chapeau tomber ( une espèce de chapeau-claque, de haut de forme). Il ne pourra plus le récupérer malgré ses efforts et sera aussitôt rejeté par le corps social auquel il appartient, il est devenu L’étranger, le paria, le volage. Une «plaisanterie» comme l’écrivait [**Kundera*].

Tout d’ailleurs n’est-il pas inscrit dans le titre:« Le Processus», c’est parfaitement explicite!

Pour autant aujourd’hui le conformisme s’est fait plus subtil, plus insidieux, il s’appelle FaceBook et autres réseaux sociaux. L’individu s’y jette spontanément, de sa propre initiative, comme les lemmings se précipitant par bandes du haut des falaises dans la mer pour y mourir ! Il le fait au nom de son individualité, de sa «liberté» bien évidemment, de son originalité, du nombrilisme de son ego insignifiant…( à propos, rappellez-moi ce que disait cette petite impertinente de Zazie à son tonton dans le roman de [**Raymond Queneau*], Zazie dans le métro, je ne sais plus bien… On y parle de «poulet» je crois … ! )

Le graphisme de ce film est d’une extrême sobriété et fait penser aux gravures sur bois, c’est épuré au maximum, c’est très fort, les contrastes blancs et noirs renvoient à un manichéisme qui n’est pas la vie. Noir/Blanc, 1/2, on marche au pas cadencé et les talons marquent le tempo. Binaire comme un code barre, glacial comme une cour de prison.

Quant à la musique, alors là c’est aussi un régal, et un régal «contemporain». ( enfin quand je dis «contemporain», c ‘est vraiment «une façon de parler»). Elle est signée [**Yvo Malec,*] et on est au coeur de la musique électroacoustique avec deux partitions contrastées, orchestrale pour une part et produite par ordinateur. Une musique quasi mécanique, aux rythmes répétitifs, comme faite de borborygmes gazeux ou telle le souffle d’une machine à vapeur, un Pacific 231 satanique, une cocotte-minute. Mieux encore elle pourrait servir d’illustration aux Temps modernes de [**Chaplin*]. Le jour où nos contemporains (en un seul mot parait-il) comprendront que la musique dite «contemporaine» est celle même des films qu’ils se plaisent à voir et à admirer, sans toutefois bien tendre l’oreille, un grand pas sera fait entre le public et les compositeurs d’aujourd’hui et les programmateurs de salles seront enfin réconfortés ! Encore une fois [**monsieur Jourdain*] triomphe …

Dois-je ajouter pour conclure que cet excellent petit film a connu un grand succès et qu’il continue d’être présenté dans les festivals les plus en pointe, les plus estimés!

[**
Pierre-Alain Lévy*]


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WUKALI 23/09/2017 (précédemment présenté le 24/12/2016)

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