Such a witty and humorous book !


Qui ne se souvient pas d’Ajatasharu Lavash Patel, le héros de l’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA ; ce fakir quelque peu escroc, venu à Paris pour acheter chez IKEA un lit à clous et a qui il arrive des aventures plus irréalistes les unes que les autres qui finissent par le transformer et lui donner une vraie humanité.

[**Romain Puertolas*] nous raconte, après trois autres romans, la suite de la vie trépidante du héros qui l’a rendu célèbre. N’allez pas croire qu’il se repose sur ses lauriers et qu’il nous livre une autre écriture du premier opus des aventures d’Ajatasharu Lavash Patel. Loin de là ! Soit, il maîtrise parfaitement les « ficelles » qui sont à la base de son premier succès comme un humour décapant, les allusions à la littérature, des situations invraisemblables, des  deus ex machina  à ne plus savoir qu’en faire, des chapitres courts qui tiennent le lecteur en haleine, etc, il les maîtrise, il les applique tout en les mettant au profit d’une vraie continuité, d’une vraie suite, en prenant en compte le fait que son héros et ses personnages dits secondaires comme son épouse Marie Rivière ou le chauffeur de taxi gitan Gustave Palourde, ont tous évolué, « mûri » depuis la fin des premières aventures.

Ajatasharu Lavash Patel grâce à son premier roman devenu riche et célèbre se trouve plongé dans les joies de l’amour. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que la veine de l’écrivain n’est plus là. Pour réagir, il décide de revenir à ses origines et donc d’acheter chez IKEA le célèbre lit à clou KISIFROTSIPIK, mais la production de ce dernier est interrompue. Qu’à cela ne tienne, il part en Suède pour trouver le propriétaire d’IKEA afin qu’on lui en fabrique un. Après moulte aventures, dont un naufrage alors qu’il se trouve non dans une armoire mais dans une commode IKEA, sa quête finit par aboutir positivement.

Olécio partenaire de Wukali

Parallèlement il se souvient de son apprentissage comme fakir auprès de Baba Ohrom, un escroc, assassin, pédophile, et j’en passe, qu’il retrouve sous les traits du baron suédois Shrinkshrankshunk à la tête d’une invraisemblable affaire de trafic de diamants dans des capsules de café. Ce dernier veut achever son œuvre en tuant son ancien disciple, sauvé grâce à une édition en polonais d’Autant en emporte le vent.
L’humanisme d’Ajatasharu Lavash Patel est toujours aussi présent quand il permet à des réfugiés syriens de rentrer en France au moyen d’un tour d’illusionniste inventé par le dieu des fakir David Cooperfield.

« Tant qu’il y aura des pays riches et des pays pauvres, il y aura des frontières, tant qu’il y aura des frontières, il y aura des gens qui tenteront de les traverser illégalement. » Soit, les mauvais coucheurs trouveront que ce genre de réflexions n’engage à rien et sont dignes du café du commerce. Mais il faut la resituer dans son contexte et surtout savoir lire ce roman, comme le premier, au second voire au troisième degré. L’humour n’est rien s’il ne délivre pas un message, s’il n’est pas une sorte de thèse, de pamphlet contre l’ordre établi, le politiquement correct, le confort de la routine qui donnent bonne conscience à tout un chacun.

Il faut lire le dernier chapitre des Nouvelles aventures du fakir au pays d’IKEA dans lequel l’ordre des choses est inversé pour comprendre que la lecture de ce livre ne doit pas se faire par rapport à notre culture, à notre positionnement social, mais par rapport à la personne qui est en face de nous, qui elle aussi a un vécu. On pourra répondre utilement, humainement, à ses demandes que si on comprend d’abord son vécu qui aurait pu être le nôtre. Et la force de Romain Puertolas se trouve là : se servir de l’humour pour faire passer un vrai message humaniste : les frontières, les différences culturelles, de langue, de vie ne sont rien, car il existe des liens qui les dépassent, les transcendent. Il y a les multinationales comme IKEA, mais il y a surtout le Bien qui se résume à l’amour d’autrui, à ce que certains, dont moi, appellent l’humanisme.

Oui, [**Romain Puertolas*] reprend les clés qui firent son succès, mais il les peaufine, les approfondit et nous livre un nouveau petit bijou de lecture.

[**Émile Cougut*]|right>


[**Les nouvelles aventures du fakir au pays d’IKEA
Romain Puertolas*]
éditions Le Dilettante. 20€


[(


– Cet article vous a intéressé, vous souhaitez le partager ou en discuter avec vos amis, utilisez les icônes Facebook (J’aime) ,Tweeter, + Partager, positionnées soit sur le bord gauche de l’article soit en contrebas de la page.

– Retrouvez toutes les critiques de LIVRES parues dans WUKALI

Retrouvez tous les articles parus dans toutes les rubriques de Wukali en consultant les archives selon les catégories et dans les menus déroulants situés en haut de page ou en utilisant la fenêtre «Recherche» en y indiquant un mot-clé.

Contact : redaction@wukali.com
WUKALI 09/04/2018)]

Ces articles peuvent aussi vous intéresser