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Les liens artificiels, un roman sur l’univers du metaverse

par Émile Cougut

La rentrée littéraire comporte un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain, de romans proches de la science fiction. De fait des projections dans un futur proche, très proche, des technologies actuellement développées. Dans Les liens artificiels, un roman de Nathan Devers, publié aux éditions Albin Michel, nous plongeons dans l’univers du metaverse. Ce concept qui ne date que d’une trentaine d’année est un monde parallèle dans lequel avec son avatar on peut se mouvoir et interagir avec l’environnement où les objets qui nous entourent.

Cela posé, il est indéniable que Nathan Devers se met dans les pas de Marc Zuckerberg qui espère que le metaverse devienne « une réalité virtuelle destinée à supplanter internet, et donc à fusionner la vie réelle avec la vie virtuelle pour créer des espaces de jeux pour l’humanité entière ». Somme toute un bien beau programme que le français, bordelais de plus, Adrien Sterner, arrive à mettre en place en 2022 dans l’univers de l‘Antimonde. 

N’allez pas croire que Sterner est un bienfaiteur de l’humanité, loin de là, c’est un chef d’entreprise tyrannique, cocaïnomane de surcroit, multimilliardaire visionnaire qui entend bien rester le maître du jeu. D’ailleurs dans ses délires, lui qui, bien qu’athée, est pétri de culture chrétienne, finit plus ou moins par se prendre pour le Dieu créateur. D’ailleurs dés qu’un des joueurs devient trop populaire il n’hésite pas à l’éliminer. L’antimonde est une réplique exacte du monde réel, mais on peut y faire des choix autres que ceux que chacun fait dans la réalité.

Dans son univers, une seule condition, ne jamais dire qui se cache derrière son avatar.

Olécio partenaire de Wukali

Julien est un jeune homme quelque peu en recherche de lui même et de son avenir. Musicien, il rêve de devenir le nouveau Gainsbourg. Mais toutes ses maquettes sont refusées, sa petite amie part avec un autre homme, et pour gagner chichement sa vie, il joue du piano dans une boîte parisienne. Un dimanche de très profond ennui, il tombe sur une publicité pour Antimonde. Par désœuvrement, il crée un avatar. Très vite il ne peut se passer de ce jeu. Ayant très vite compris son fonctionnement, il devient millionnaire dans l’immobilier et s’installe à New-York. La seconde règle du jeu est que l’on peut tuer un autre avatar, mais dès que l’on est tué on peut être tué, et alors on est définitivement exclu du jeu. Julien assassine et se sentant menacé il engage une vraie armée de gardes du corps.

Grâce au développement du jeu, Julien arrive à gagner de plus en d’argent dans le monde réel. Un jour il se révolte contre cet univers dont il perçoit la fatuité en publiant un poème qui est repéré par Sterner.

Son avatar devient alors célèbre aussi bien dans le monde virtuel que dans le monde réel. Mais Julien fait montre de trop d’indépendance et prend une place trop importante dans cet univers, aussi doit-il disparaître, ce qui va s’avérer plus compliqué que prévu. On assiste à une interaction étroite entre les deux univers l’un inter réagissant avec l’autre de façon très étroite.

De fait tout est dit dans le titre de ce roman, Les liens artificiels, car tout est artificiel dans ce monde du metaverse, sauf que progressivement, ils deviennent tellement addictifs que l’on peut finir par confondre fantasmes et réalité. Et le retour au réel peut être dramatique.

Au-delà de l’histoire, on peut lire ce livre comme un pamphlet contre le metaverse et les ravages qu’il peut causer. Et ce que l’on a tendance à oublier, c’est le cynisme des concepteurs et leur volonté de puissance.

Un roman quelque peu complexe qui ne peut laisser les lecteurs indifférents et surtout inquiets pour la société qui se présente à eux.

Les liens artificiels
Nathan Devers

éditions Albin Michel. 19€90

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