A first novel


Un roman, 40 rue Zitna, Pague, une maisons d’édition Jérôme Do Bentzinger qui entrent dans la cour des grands. Trente six courts chapitres, faciles et rapides à lire, un roman de Simone Stritmatter .

Anna travaille dans un laboratoire biologique spécialisé dans la génétique dirigé par Monsieur Sthul, un parfait pervers narcissique dont la principale victime est son épouse Elzbieta, une orpheline praguoise en mal d’amour et de reconnaissance mais surtout bien plus intelligente et brillante que lui. Quand il part en Californie, Anna et Elzbieta vont se rapprocher, cette dernière va développer une forte amitié avec un nouvel employé d’origine japonaise Long Long. Un jour, Anna va porter secours à sa voisine Ivanka qui va se révéler être une amie d’orphelinat d’ Elzbieta. Mais elle disparaît et les deux jeunes femmes vont essayer de la retrouver jusqu’à son dernier domicile identifié au 40 rue Zitna à Prague. Cette quête, ces amitiés vont permettre à Elzbieta de sortir de l’emprise de son mari.

Alors, c’est maintenant que le chroniqueur doit émettre son avis, et face à ce court roman, j’ai beaucoup de mal à le faire tant je suis partagé et parfois même sur les mêmes effets. Ainsi, Simone Stritmatter apprécie le cinéma et souvent une situation lui fait penser à une scène d’un classique du cinématographe. Soit, ce n’est pas déplaisant et toujours fait avec finesse et intelligence. On aime ou pas mais c’est très respectable car elle n’abuse pas. En revanche, je suis nettement plus sceptique quant aux digressions qu’elle opère pour donner des définitions comme l’ADN, la manipulation morale, la vie de Sainte Paulette ou l’activité du Mansa club dont elle nous livre l’adresse (on ne sait jamais le lecteur peut se croire porteur d’un QI supérieur à celui de ses voisins). A trop vouloir être didactique, on devient lourd et le lecteur finit par penser que l’auteur le prend pour un ignare fini.

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De plus, l’auteur est parfois, comment dire, un peu rapide : l’héroïne se retrouve à l’hôpital quand elle porte secours à Ivanka sans que l’on comprenne exactement comment, il m’a fallu du temps pour comprendre qu’elle n’avait pas été agressée. Tout comme des personnages secondaires comme James et dans une moindre mesure Ivanka ou Long Long, sont à peine ébauchés et il est difficile de comprendre leurs motivations, leur caractère et donc d’entrer en empathie avec eux.

Mais j’ai bien apprécié la façon dont elle aborde la personnalité du pervers narcissique, il n’y a aucune violence, que des actes, des petits faits qu’il faut savoir déchiffrer pour comprendre le mal que de tels personnes peuvent faire. Elzbieta ne se fait pas tabasser physiquement régulièrement, mais son époux par ses gestes, ses paroles, ses écrits, ses silences, la plonge régulièrement dans ses tourments et la domine totalement. C’est bien plus vicieux que la violence, moins visible, mais sûrement bien plus dangereux pour la victime. Elzbieta finit par sortir de son emprise et peux enfin s’exprimer, créer, non dans le domaine scientifique mais dans le cinéma (où est le rapport entre ces deux disciplines ? L’auteur ne nous apporte pas la réponse).

Alors, que penser de ce livre ? Des faiblesses, c’est certain, un manque de profondeur dans la description des personnages, une histoire fort peu étayée. Mais il y a de belles idées, une approche originale des pervers narcissiques, je ne doute pas qu’à force d’écrire Simone Stritmatter va gommer ses petites erreurs et progresser en littérature.

Émile Cougut


40 rue Zitna, Prague
Simone Stritmatter

Jérôme Do Bentzinger éditeur. 20€


WUKALI 27/05/2015


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