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Quarantaine, un roman captivant de Peter May qui se lit d’un trait

par Émile Cougut

Imaginez : nous sommes en 2005, le monde est suspendu à la pandémie du H5N1, la grippe aviaire. Si une ou des mutations passent de l’oiseau à l’homme, l’humanité risquait d’être en danger car le taux de mortalité prévisible dépassait allègrement les 60%. Ebola qui, à cette époque, faisait des ravages en Afrique avant que l’Institut Pasteur ne trouve un vaccin (selon quoi la recherche française n’est pas si nulle que ça), passait pour être une aimable plaisanterie. Donc en 2005, un jeune auteur anglais eu l’idée d’un livre et l’écrivit. Un livre de science-fiction. Tellement outré qu’il ne trouva pas un éditeur.

Est arrivé le covid 19 et Peter May a eu la bonne idée de proposer ce manuscrit qui ne fut pas refusé cette fois là, les éditions du Rouergue ont eu l’intelligence de le publier. Et pour cause, nous ne sommes plus en présence d’un  roman de science-fiction, mais de pure fiction. L’histoire est une fiction, mais plus du tout l’arrière-plan qui lui est d’une réalité, hélas, trop véridique.

Quarantaine de Peter May-un roman sur le covid

Il faut comprendre que ce roman n’est pas un roman d’opportunité, écrit à la « va-vite » profitant de la sidération de l’humanité face à cette pandémie. Non, c’est un roman écrit il y a plus de 15 ans, donc réfléchi, c’est loin d’être l’essai d’ »un coup d’édition », dans lequel il n’y a que la valeur marchande du livre qui compte et non le fond et la forme. Dans Quarantaine, il y a le fond et la forme et nous espérons que ce sera un vrai « coup d’édition » qui trouvera de très nombreux lecteurs.

Bien sûr, les complotistes trouveront la preuve de leurs délires, en oubliant, bien sûr, que ce n’est qu’une simple fiction. Et ils mettront Peter May dans le même sac que Bill Gates : comme il y a quelques années ils avaient décrit ce que nous vivons aujourd’hui, c’est bien la preuve que la covid 19 n’est que le moyen qu’ont trouvé les puissances de l’argent, big pharma, les Juifs, les Francs-maçons, les Illuminatis. Et je ne vous parle pas des Illuminatis-Franc-maçons-Juifs-travaillant-dans- le-big-pharma pour faire des milliards (vous pouvez cochez la proposition qui vous semble la plus réaliste)) pour asservir l’humanité.

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N’en déplaise à ces pauvres d’esprit, il est normal et utile à notre réflexion, que certains essaient de penser à des scénarios pour notre avenir, afin de nous prévenir et de trouver, avant que cela ne soit trop tard, les moyens pour les prévenir. Et les écrivains, du moins certains, font partie de cette catégorie de « lanceurs d’alerte ».

Nous sommes à Londres où sévit une pandémie de grippe avec un taux de létalité de plus de 80%. La ville est devenu un mouroir à ciel ouvert. Elle est coupée du reste du monde, il y a un strict couvre-feu, l’armée est partout présente et a tendance à tirer avant de discuter. Dans les fondations de l’extension d’un hôpital on trouve un sac contenant les ossements d’une petite fille. L’enquête échoit à l’inspecteur MacNeil, un homme qui a démissionné pour s’occuper de son fils. Et, de fait il dispose d’une journée et d’une nuit pour résoudre cette affaire.

Il veut trouver l’assassin d’autant que c’est devenu le moyen pour lui de surmonter la douleur causée par la mort de son fils, victime de cette grippe. Aidé par la belle Amy, une scientifique handicapée, il va remonter le fil de cette affaire parsemée des cadavres de ses principaux témoins, et l’amène à connaître l’affreuse et cynique vérité. Il trouve bien plus que l’assassin, il trouve les motivations de ce dernier : une sorte de docteur Folamour dépassé par sa création, motivé que par l’argent. L’argent déshumanise nous dit Peter May et permet tous les excès qui conduisent à détruire l’humanité.

Il y a MacNeil, le grand Écossais en déroute morale, Amy, la jeune femme qui n’aspire qu’à être heureuse malgré les conséquences de son terrible accident. Il y a aussi bien sûr des personnages pas si secondaires que ça. La doctoresse Castelli, le beau Tom, médecin légiste proclamant haut son homosexualité, le cynique Roger Blum, un des dirigeant du laboratoire Stein-Francks dont le médicament FluxKill permet de prévenir les conséquences mortelles de la maladie, et Pinkie, le tueur à gages consciencieux guidé par une morale rigide.

Tous sont criants de vérité, nous les avons tous croisés, connus. On peut s’attacher à eux, les haïr, les aimer, peu importe, ils sont tous humains avec leurs forces et leurs faiblesses.

Vous ouvrez Quarantaine et vous ne quittez ce livre captivant, envoûtant qu’après avoir lu le dernier mot du dernier paragraphe du dernier chapitre. Bravo Peter May !

Quarantaine
Peter May
éditions du Rouergue. 22€

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