Le directeur du Centre Wiesenthal Europe a récemment interpellé le gouvernement marocain, pour protester contre l’assortiment accablant de livres antisémites/révisionnistes/,nazis, proposés au Salon du Livre de Casablanca.

Dans une lettre adressée à M. Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture du Maroc, Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, a présenté les résultats de sa quatrième enquête annuelle sur l’incitation à l’antisémitisme sur les stands du SIEL (Salon international de l’édition et du livre).

Ce salon, qui s’est tenu à Casablanca du 29 mars au 7 avril, est le salon du livre le plus important du monde arabe, avec 150 stands marocains, 30 libanais, 20 syriens, 10 égyptiens, 5 saoudiens, 2 palestiniens et 1 libyen.

M. Samuels a déclaré : « Il est effrayant de constater que, depuis 2010 jusqu’à l’édition 2013 de ce salon, qui s’est tenue du 29 mars au 7 avril dernier, et nonobstant le “printemps arabe”, la haine des Juifs demeure une constante implacable de la littérature arabe exposée, laissant des taches indélébiles sur les stands du SIEL. »

Olécio partenaire de Wukali

Le rapport attirait l’attention sur les stands les plus problématiques d’Egypte, de Libye, du Maroc et de Syrie (dont plusieurs éditeurs diffusent depuis le Liban) :

« “Dar Al Kitab Al Arabi”, le récidiviste égyptien habituel, expose de manière compulsive théories de complots, déni de la Shoah et tous les stéréotypes antisémites possibles

Quelques titres:

“Le début et la fin du peuple juif”, Ahmad Ahmad Ali al Saqa.

“Qui crée les dictateurs ?”, Majdi Kamel (Hitler, Staline, Mao, Franco, Idi Amin, Bokassa, Noriega, Saddam Hussein, George W. Bush comme créatures des Juifs).

Sur une étagère s’étale le délire anti judéo-maçonnique

De droite à gauche sur l’étagère du bas : une série de complots judéo-maçonniques : – “Les secrets des francs-maçons”, – “Les secrets cachés de la franc-maçonnerie”, – “Les scandales de la franc-maçonnerie”, tous par Osama Hamed Mar’i, – “L’organisation secrète la plus ancienne”, Mansour Abdul Hakim.

“Mein Kampf – Adolf Hitler”, subrepticement placé à côté d’une biographie critique “L’autre visage de Hitler”.

“Les assassinats du Mossad”, Adel Al Jawjiri (Cheikh Yassin, Arafat, Meshaal).

“Le sionisme et le nazisme”, Abdul Karim al Aluji (les relations secrètes entre les nazis et les juifs dans la lutte pour un Etat juif).

“Les Protocoles des Sages de Sion – Le complot pour dominer le monde”, Mansour Abdul Hakim (la couverture représente des Juifs, des nazis, des communistes, des francs-maçons et de l’argent, tous unis pour dominer le monde).

“Iz-a-din Al Kassam : la victoire ou le martyre”, Abdul Karim Al Aluji.

“La malice des Juifs”, Said Muhammad Sayd Al-Sanari.

“La page noire du Livre saint”, Muhammad Husni Yusuf. – à gauche : “Du mur al-Buraq à la barrière de la honte”, A.D. Zainab Abdul Aziz (le mur al-Buraq est l’islamisation du “Kotel” juif ou “Mur des lamentations”).

“Les règles des rabbins de Lucifer”, Majdi Kamel.

“La religion et la politique entre mensonges sionistes et lois divines”, Muhammad Yunes Hashem.

“Le début de la fin” : un rabbin juif prophétise que la dernière captivité des Israélites sera sous domination “ismaélite” (musulmane), Yusef Rashad.

L’invité d’honneur cette année a été la Libye, représentée par le stand de son ministère de la Culture, sur lequel nous avons découvert :

“Le sionisme et l’Occident impérialiste – qui sont leurs héritiers ?”, Alaa-din Hasan Omar bin Dardaf, Al Fadil Press, Benghazi.

La couverture représente des symboles ensanglantés de la croix gammée nazie et de l’étoile de David devant la statue de la Liberté.

Le discours kadhafiste antisémite/anti-américain se poursuit sur le stand officiel de “la nouvelle Libye”.

Sur un des stands du pays hôte, le Maroc, Dar Afak a présenté :

“Le sionisme non juif”, Regina Sharif, Al Shuruq Press. – au centre : “L’extrémisme juif et les courants politico-religieux en Israël”, Huweda Abdul Hamid Mustafa. – à gauche : “Le messie juif et la fin du monde”, Rida Hilal.

“Le terrorisme saint en Israël”, d’après Noam Chomsky, Laula Hafez.

Les stands syriens masquaient les massacres du régime en exploitant l’éternel bouc émissaire juif :

Dar Al Awael Press, “L’Amérique, Israël et le 11-Septembre”, traduit de l’ancien chef du Ku Klux Klan, David Duke.

Dar Al Awael Press, “Comment le terrorisme israélien et la traîtrise américaine ont causé le 11-Septembre”, traduit de David Duke.

Dar Al Awael Press, “L’Iraq d’abord : la Blitzkrieg israélienne sur le pétrole du Moyen-Orient : l’opération Shekhina”, Joe Vialls, feu le théoricien australien du complot antisémite.

Dar Al Awael Press, “Les secrets de la guerre sainte”, Tareq Mustafa Al-Jundi et Husam Hamad Badawi.

Les éditions Khatawat, “Le grand complot”, Hasan Latsh. La couverture affiche une étoile de David sur une carte de l’Afghanistan.

Madbuli Press, “Le Talmud”, Layla Ibrahim Abu al Mayd, “Les judéo-francs-maçons dans les révolutions et les constitutions ».

Dar al Murshid al Thikafi, “Le lobby israélien et la politique étrangère américaine”, Meershesmer et Walt.

Riyad al Rayyes, Liban, “L’Amérique et les génocides culturels – la malédiction anglaise de Canaan”.

Les éditeurs syriens ci-dessus sont basés à Beyrouth.

M. Samuels a laissé entendre que « ce qui est encore plus déconcertant, c’est que, apparemment, tous ces textes odieux ont été approuvés par le SIEL, d’après les Conditions de Participation figurant sur votre site Web :

Article 6 : “Pour l’étude des dossiers des exposants et des listes des livres, une commission gouvernementale spécialisée est constituée de deux (2) représentants de chacun des Ministères : de la Culture, des Habous et Affaires Islamiques, de la Communication, en plus de deux représentants des éditeurs et d’un distributeur éditeur, et ce, conformément aux procédures règlementaires en vigueur.”

Article 9 : “Ne peuvent être exposés ou vendus que les livres figurant sur la liste visée par la commission…”

Article 13 : “Les publications exposées ne doivent pas porter atteinte aux bonnes mœurs, ou être contraires à la souveraineté du Royaume du Maroc ou à ses préceptes religieux ou encore heurter la sensibilité publique.”

Article 34 : “Toute Infraction à ce règlement est passible d’une des sanctions suivantes : … Saisie des ouvrages qui ne figurent pas sur les listes… Fermeture du stand… Rejet définitif de participation aux éditions futures du Salon.” »

La lettre affirmait : « Il semblerait que les livres antisémites découverts lors de notre visite non exhaustive ne soient que la partie émergée de l’iceberg.

Est-ce que cette liste de littérature haineuse a été approuvée par votre Commission ?

Est-ce que l’antisémitisme “ne porte pas atteinte aux bonnes mœurs”, “ne heurte pas la sensibilité publique” ou n’est pas “contraire aux préceptes religieux du Maroc” ? »

Le Centre Simon Wiesenthal a signifié que « nous partageons avec le Salon du livre de Francfort cette liste d’éditeurs délinquants pour qu’ils soient bannis de son édition 2013.

De même, nous demandons instamment au Maroc de respecter l’article 34 des Conditions de Participation au SIEL et de refuser catégoriquement la présence de ces éditeurs délinquants à son édition 2014. »

La lettre soulignait que « le thème du Salon de Casablanca cette année était : “La culture des images et l’image de la culture.”

En réalité, l’image de ce salon fomentait une culture de la haine. »

M. Samuels a conclu sa lettre en ces termes :

« Le Maroc et sa diaspora juive ont de tous temps tissé une relation d’affection et un modèle de tolérance.

Nous vous prions de faire en sorte que le Salon de l’année prochaine reflète ces valeurs et que la littérature arabe sélectionnée sur les stands contribue à une culture de la paix. »

Paris, le 18 avril 2013

Centre Simon Wiesenthal

Et l’on se souvient que Mein Kampf était l’an dernier en tête de gondole au Virgin du Qatar parmi les livres « les plus recommandés »


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