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La Colère et l’Envie d’Alice Renard, un roman à lire cet automne !

par Émile Cougut

Voici pour la rentrée littéraire un roman, plus exactement un premier roman, pour le moins original, voire dérangeant, ce qui nous change des éternels Nothomb, Lévy et autres Musso. Son titre La Colère et l’Envie, son auteure Alice Renard.

Qu’en penser ? De fait, je ne sais pas. Certains vont dire que c’est moyennement écrit, que c’est quelque peu irréel, que l’on comprend mal l’évolution des personnages.

Les autres, dont je fais partie, seront à l’inverse totalement émerveillés par ce style, par la rigueur dans la structure de ce roman, par l’humanité qui s’en dégage. C’est un vrai conte philosophique, dans le meilleur sens du terme, un véritable OVNI dans la grisaille littéraire actuelle.

Trois parties et un (court) épilogue. Quatre personnages dont Isor, autour de qui tourne cette histoire.

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La première partie est composée des ressenties de la mère (Maude, pompier professionnel) et du père (Camillo, ouvrier escaladeur sur des chantiers, d’origine italienne) face à leur fille Isor. Celle-ci grandit mais ne parle pas. Après une série de tests médicaux, le constat est clair : elle n’est pas autiste, elle peut parler, s’exprimer normalement, mais ne le veut pas. Pourquoi ? La médecine n’a strictement aucune réponse. Isor s’exprime essentiellement à travers la danse et des colères homériques. Les parents décident de s’occuper de leur fille sans le recours à des tiers. Ils l’entourent, la couvent, mais n’arrivent pas à la comprendre, et quand, à partir de sa dixième d’année, elle fugue toutes les nuits, ils la laissent faire car elle revient toujours.

La seconde partie est le long monologue de Lucien, le voisin, photographe ayant connu une certaine gloire, un homme seul, enfermé dans sa tristesse et son terrible passé, passant son temps à écouter de la musique. Un jour, en urgence, il se voit confier Isor. Dés le lendemain, la petite fille revient le revoir et s’instaure un lien d’amour entre ces deux personnages. Lucien sort de sa torpeur, Isor, toujours aussi muette, évolue, montre une curiosité dont elle n’avait jamais fait preuve. Camillo trouve ce lien bénéfique alors que Maude, elle, fait montre d’une totale jalousie, ne comprenant pas qu’un tiers puisse s’immiscer entre elle et sa fille.

La troisième partie est la fugue d’Isor, une vraie fugue, en Sicile. Nous avons droit aux ressentis des parents, mais aussi aux lettres que leur adresse tous les jours leur fille (et oui, bien que n’ayant jamais étudié, elle sait écrire et en plus parler normalement). Et ils finissent par comprendre que suite à l’AVC de Lucien, elle a décidé de solder le passé de ce dernier afin qu’il puisse mourir en paix, heureux, délivré de sa tristesse. Je ne vais surtout pas vous dire ce qu’est ce secret, à vous de le découvrir. Vous comprendrez alors la transformation d’Isor.

Et puis un court épilogue, dit par le « narrateur » qui est la clé de voûte de ce roman.

Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai écrit en préambule. Je ne ferai pas non plus une comparaison avec Le Tambour de Günter Grass : à l’inverse d’Oscar Matzerath, on ignore pourquoi Isor ne parle pas. Et puis elle grandit, ne veut pas rester une enfant de trois ans. C’est très très différent aussi bien au niveau des personnages principaux qu’à celui de l’arrière-plan de ces fictions. Chez Grass, au-delà d’Oscar, c’est l’Allemagne qui est mise en valeur. Dans le roman d’Alice Renard, La Colère et l’Envie, c’est Isor qui importe, les trois autres personnages ne faisant que tourner, comme s’ils étaient mis en orbite, autour d’elle.

Un premier roman, une très grande réussite.

La Colère et l’Envie
Alice Renard

éditions Héloïse d’Ormesson. 18€
Mise en vente en librairie le 24 août

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