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Le polar aristo et délicieusement british de Rhys Bowen

par Émile Cougut

 Ah résumer en quelques lignes le roman palpitant et délicieusement baroque, le polar aristo et très british de Rhys Bowen, quelle gageure, et pourtant! Son espionne royale et l’héritier australien en est le titre

Lady Victoria Georgiana Charlotte Eugénie de Glen Garry de Rannoch, arrière petite-fille de la reine Victoria, trente cinquième dans l’ordre de succession du trône d’Angleterre est toujours aussi désargentée et, en plus, elle risque de se trouver sans logement. En dernière instance, elle se résout à solliciter sa grand-tante qui n’est autre que la Reine.

Par un superbe hasard, celle-ci veut aider une de ses amie, la duchesse d’Eynsford. Cette dernière, veuve, a un fils mais ce dernier ne veut pas se marier, le titre risque de disparaître et les immenses biens familiaux revenir à la couronne.

Il y a bien une fille, délaissée par son comte russe après avoir dilapidé leurs biens, qui a été obligée de revenir vivre au château avec ses trois enfants : une jeune adolescente, handicapée depuis une chute de cheval et deux faux jumeaux, assez turbulents, grands amateurs d’expériences de chimie. Ils ne peuvent bien sûr hériter de strictement rien, tout l’héritage se faisant par progéniture mâle. Et il avait bien John, le cadet qui avait immigré en Australie, qui est revenu défendre son pays et fut tué durant la Première Guerre.

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Or, il s’est marié dans la colonie et a eu un fils. C’est donc lui le futur duc. Mais il a été élevé dans un ranch au fin fond du bush australien et ne maîtrise aucun des codes de la société aristocratique anglaise. La mission de Georgiana, qui l’accepte avec joie, est d’apprendre les bonnes manières au jeune homme.

Aussi se retrouve-t-telle, avec sa très maladroite femme de chambre dans le domaine de Kingsdowne Palace. Elle s’aperçoit que l’héritier est loin d’être attendu, que seule la duchesse douairière veut lui réserver le bon accueil. Le titulaire du titre, Cedric est un homosexuel entouré d’une « cour  d’artistes », qui ne pense qu’à créer un festival dans le domaine, quitte à raser les maisons de ses employés pour construire un amphithéâtre. En outre, sa sœur Irène, ne supporte pas sa déchéance et nourrit toujours l’espoir que son fils hérite des biens. Les deux sœurs de la duchesse, deux aristocrates veuves et esseulées, vivent dans un autre monde et ne souhaitent qu’une chose : pouvoir rester et que le temps s’arrête.

Arrive l’héritier Jack, accompagné de Darcy, le fiancé de Giorgiana. C’est un broussard qui ne comprend rien aux règles à suivre. Les seuls moments où il réussit à s’épanouir sont quand il monte à cheval et quand il reste à discuter avec Sissy, la jeune femme passant son temps dans son fauteuil roulant.

Et une journée, bien pluvieuse on trouve le corps de Cédric avec fiché dans son dos le couteau de chasse de Jack.

Mais Georgiana ne croit pas à la culpabilité de l’héritier, mène discrètement l’enquête et finit par trouver la vérité. Pour une fois, sa vie n’est pas menacée. On a des valeurs dans ce milieu !

Dans ce septième opus des aventures de Georgiana, sont décrits les us et coutumes de cette aristocratie totalement coupée des réalités de son époque : les rites, la toute puissance du titulaire du titre. Logiquement ce dernier doit tout mettre en œuvre pour transmettre les biens et l’honneur de la famille, mais parfois, il se révolte et seule son éducation lui interdit d’être trop excessif avec sa famille. Et puis, il y a tous ces rites, ces codes que chacun se doit de respecter, qui sont tellement ancrés qu’ils deviennent des réflexes… et beaucoup d’incompréhension d’autant plus quand un membre ne les connaît pas et donc ne les respecte pas.

Comme d’habitude, la lecture de Rhys Bowen nous fait passer un très bon moment de lecture et de joie.

Son espionne royale et l’héritier australien
Rhys Bowen
éditions Robert Laffont. 14€90

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