Accueil Actualités Une nouvelle renaissance du Louvre, agrandissements et travaux, tous les détails

Une nouvelle renaissance du Louvre, agrandissements et travaux, tous les détails

par Pierre-Alain Lévy

Le succès phénoménal du Louvre et la fréquentation surmultipliée de ses visiteurs nécessite une réflexion sur les conditions d’accueil, les travaux d’aménagement rendus indispensables, la muséologie et la présentation de ses collections. C’est le chantier que viennent de présenter M. Emmanuel Macron et madame Laurence des Cars, présidente-directrice du musée. (voir video).

Le Louvre est-il un accident de l’histoire, quels liens avec notre histoire nationale, quel place tient-il dans l’histoire de l’art en général et la pensée et la civilisation françaises en particulier, quel sens faut il lui donner ? Pour chacun d’entre nous c’est un moment particulier souvent tendre, une découverte, une émotion ressentie; mieux, une révélation ! Pour un visiteur étranger la découverte de ce qu’est la civilisation européenne et ses racines. Le Louvre est tout comme Versailles, l’image de la France. Dans un monde aujourd’hui désorienté et sans repère il est un môle, un ancrage culturel d’histoire et de civilisation.

Le Louvre voulu par François Mitterand c’était 4 millions de visiteurs par an, le succès fut plus qu’un triomphe, une apothéose ! Aujourd’hui soit près de 37 ans après l’inauguration de la pyramide, ce sont plus de 9 millions de visiteurs. Il est le musée le plus grand et le plus visité au monde. Il s’agit de le réinventer comme tel fut toujours le cas à travers sa propre histoire et à travers les siècles.

C’est en 1988 que François Mitterand inaugurait la pyramide de Ieoh Ming Pei, un projet porté par Émile Biasini, haut fonctionnaire de l’état ( cliquer). Comme toujours en France quand il s’agit de grands travaux il est indispensable de critiquer l’état, un véritable réflexe pavlovien, surtout 1/ quand il s’agit d’ouvrages structurants, et 2/ que l’on ne connait rien au sujet mais que l’on a besoin d’exister politiquement ! C’est d’ailleurs toujours la même chose aujourd’hui !

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Dans le passé, on pense par exemple aux travaux d’ingénierie hydraulique de Pierre-Paul Riquet pour le canal du midi sous Louis XIV ou bien sûr (et comment ne pas le citer) aux grands travaux du baron Haussmann pour Paris. Ainsi fonctionnons-nous, tel semble être est notre ADN, et quel que soit le régime, monarchie ou républiques confondus ! Douce France n’est-ce pas… !

Quelle aubaine alors pour les philistins de tout genre quand on dévoila dès 1981 le chantier à venir du Grand Louvre et que fut alors présenté la pyramide de Pei ! L’opposition politique de l’époque conduite par Jacques Chirac, alors maire de Paris, s’en empara et sabre au clair n’eut de cesse de porter la critique. Que n’a t-on alors entendu comme bêtises de la part ceux qui dénigraient le projet. On tourna en ridicule le concept même de la pyramide jetant en pâture aux médias et à l’opinion comme toujours inhibée, qu’elle serait une flétrissure iconoclaste au coeur de l’ancien palais voulu par les rois et les deux Napoléon !
Les autorités pour convaincre présentèrent sur ce que serait son emplacement à venir, une simulation géométrique et lumineuse représentant son espace entre les deux ailes du Louvre.

François Mitterrand qui au demeurant suivait méticuleusement les avancées de ces Grands travaux qui le tenaient à coeur et s’intéressait tout particulièrement aux matériaux qui seraient utilisés ( choix des pierres qu’on venait lui présenter à l’Elysée), demanda aux ingénieurs de Saint-Gobain de mettre au point un verre pour le revêtement de la pyramide pas trop chargé en plomb de manière à ce que sa transparence soit la plus naturelle possible ( ce qui fut fait et admirablement bien réussi et permit ainsi une réussite technologique et industrielle! ).

Les questions qui se posent aujourd’hui concernant l’évolution constatée entre le moment de son ouverture et maintenant et impliquant des travaux de nécessité, sont au nombre de 4.

1/ l’explosion du tourisme
2/ la sécurité
3/ l’urgence climatique
4/ la révolution numérique

La Joconde pour les uns, Mona Lisa pour les autres

Il faut voir la salle des états, celle-là même où est présentée la Joconde, c’est la gare Saint Lazare à 18h ou la sortie des joueurs de football de l’équipe de France acclamés par leurs fans ! On comprend mieux alors la fatigue des visiteurs et encore plus leur frustration. Le Louvre nécessite des travaux et ainsi que le disait Madame Laurence des Cars « nous avons le devoir de nous interroger sur ce que sera sa place dans l’avenir de ce siècle».

Heure d’affluence sous la pyramide du Louvre

Le Louvre sera repensé, restauré et agrandi, il s’agira donc d’améliorer les infrastructures du palais, accroitre sa sécurité un sujet plus que jamais sensible, veiller au confort des visiteurs et des conditions de travail de ses 2300 agents, ainsi que réaliser des travaux d’étanchéité, d’amélioration d’accès pour les personnes handicapées, ainsi que des infrastructures de génie climatique et d’assainissement.

Un grand concours international d’architecture sera lancé dans les semaines à venir et le choix de projet sera jugé avant la fin de l’année 2025, l’aménagement sera réalisé en 2031 au plus tard.

Le projet qui a été présenté redéploie le musée dans un axe est-ouest, de la colonnade de Perrault vers les Tuileries. II sera donc agrandi ce qui nécessitera la création d’une nouvelle entrée car celle de la pyramide est saturée. Il crée sous la Cour carrée de nouvelles salles d’exposition ce qui permettra aussi de présenter la Joconde dans une salle autonome avec une billetterie propre. Il contribuera à redonner le Louvre aux parisiens, l’inscrire davantage dans un périmètre urbain qui se déploie et de démocratiser sa fréquentation. Aujourd’hui ce sont plus de 450.000 lycéens qui y ont accès dans des conditions privilégiées chaque année, et ce sont 900.000 qui sont attendus après les travaux. Un accent particulier sera aussi donné pour la formation des enseignants à l’histoire de l’art qui fera parallèlement l’objet de cours dans le système de l’Éducation Nationale, nous nous en réjouissons.

Précisons puisque nous avons cursivement dans les lignes précédentes évoqué la politique et que nous sommes en France, que le financement de ces travaux à venir sera assuré par les ressources de la billetterie, le mécénat, la licence Louvre-Abu Dhabi sans peser sur le contribuable.

Le Louvre sera donc l’épicentre de l’histoire de l’art.

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