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Bec et ongles les dernières nouvelles de Jean-Paul Didierlaurent

par Émile Cougut

Voilà le dernier recueil de nouvelles du vosgien Jean-Paul Didierlaurent qui vient de brusquement décéder.

Il est toujours très difficile de procéder à une recension critique d’un recueil de nouvelles, tant elles s’avèrent souvent différentes dans les thèmes abordés. En effet, le style parfois différent, les cadres où se déroulent les actions (ici d’une chambre d’hôpital à une île perdue sur les côtes françaises de l’Atlantique), les personnages et leurs caractères. Tout au plus peut-on parler du ressenti qui reste en l’âme du lecteur, cette sorte de petit rien qui est la signature de l’auteur, sa philosophie, le message qu’il souhaite faire passer.

Bien sûr, il y a les monstres sacrés de ce style. On pense à Maupassant, voire même à Simenon. D’ailleurs, en ce qui concerne ce dernier, il est évident que son univers se retrouve aussi bien dans ses romans, qu’ils soient « durs » ou policiers que dans ses nouvelles. Il en est de même pour Jean-Paul Didierlaurent, ou plus exactement, on pressent qu’il en aurait été de même pour lui, car, hélas, son œuvre romanesque est trop peu importante (mais Le liseur du 6h27 a connu un succès mondial), la mort l’ayant empêché de la développer.

14 nouvelles de Jean-Paul Didierlaurent

Jean-Paul Didierlaurent a commencé son œuvre par l’écriture de nouvelles et à remporter bien des prix dédiés à ce genre, montrant par là sa maîtrise et la profondeur de son écriture. Il faut dire que les nouvelles sont de vrais « exercices de style », un texte court, resserré où doivent s’exprimer bien des aspects de l’âme humaine, où doivent, à chaque fois, se mettre en place des univers différents mais réalistes. Il est certain que, quand l’auteur, comme Jean-Paul Didierlaurent, maîtrise ce genre, alors le passage à la forme romanesque devient une évidence.

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Alors voilà 14 nouvelles, pour la plus part inédites, certaines écrites quelques temps juste avant le décès de leur auteur. S’en dégage un univers marqué par l’idée de la mort, d’une sorte de fin inéluctable et de la nécessité de vivre, de survivre, jusqu’à sa survenance. Mais n’allez pas croire que ces nouvelles vont vous mener vers la dépression, loin de là, c’est plutôt l’inverse, car elles sont plutôt un hymne à la vie, à la nécessité de s’adapter aux circonstances qui font que notre vie est la nôtre, unique, pas celle d’un autre et qu’il faut accepter, sans juger, sans rancœurs, sans envies par rapport aux tiers, la personne unique que nous sommes. Le tout est de savoir se battre contre soi-même bec et ongles. Alors, oui, on peut trouver enfin une sorte de bonheur ou du moins une sorte de sérénité. 14 nouvelles qui sont une vraie leçon d’humanisme.

Bec et ongles
Jean-Paul Didierlaurent

éditions Au Diable Vauvert. 19€

Illustration de l’entête : Jean-Paul Didierlaurent. Photo: Vosges Matin/ Daniel Curien

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