Christophe Wojcik, continue avec Service après-mort et à la suite de son premier roman, Le Portable, avec un certain humour et il faut bien insister dessus, une totale originalité, à explorer son univers toujours aux limites entre la vie et la mort.
Ainsi dans son dernier roman, son héros Antoine exerce un métier que Christophe Wojcik connaît bien puisqu’il le pratique comme directeur de cabinet du maire de Valence : écrire des discours, trouver des éléments de langage pour un ministre. Il aime l’ombre, ne veut surtout pas la lumière, mais profite, se nourrit de celle qu’il aide à mettre sur les autres. Et puis un jour, il part, devient auto-entrepreneur et s’invente un métier : rédacteur d’oraisons funèbres. Il part de l’idée que face à la douleur de la mort, il est difficile de trouver les mots justes, d’avoir assez de recul pour faire passer un message autour du défunt. Et puis faut-il le souligner, tout le monde ne sait pas écrire, synthétiser. Très vite son activité prend un essor important, les demandes ne cessent d’affluer, et les messages de remerciements aussi. Cela plaît à Antoine, il est dans l’ombre, ne s’engage en rien et fait ce qu’il ne sait que faire : écrire, faire passer un message, mais sans le porter.
Mais un jour, il rencontre Mélina : une jeune infirmière passionnée par son travail dans un service de soins palliatifs. Elle accompagne des personnes dans les derniers jours de leurs vies, lui les accompagne sur les premiers pas du chemin de la mort. Une passion nait entre eux, et ce n’est pas la vision de son métier par Mélinda qui va refroidir Antoine. Il ne la juge pas, il l’aime, alors il l’approuve quand elle finit par lui expliquer pourquoi il lui arrive d’abréger les souffrances de certains malades, ne faisant qu’anticiper l’échéance inéluctable car la médecine ne peut pas tout.
Mais voilà, le mari d’une patiente « aidée » par Mélinda décide non de se venger mais de la punir et par voie de conséquences faire souffrir Antoine autant qu’il a pu souffrir lors du décès de son épouse. Mélinda se ferme, refuse de dire à Antoine, l’horrible vérité qui finit par les rattraper.
Un très beau roman qui nous amène dans le milieu des soins palliatifs, qui nous met face à la douleur physique que la médecine n’arrive plus à apaiser. Et bien sûr, sur la dureté du métier de soignant en soins palliatifs, de l’impuissance face non à la mort mais à la déchéance physique, aux douleurs insupportables. Bien sûr se pose le problème fondamental de l’euthanasie et du rôle des soignants : qu’est-ce que la volonté du patient, n’est-elle pas « faussée » par les douleurs? Où s’arrête l’empathie des soignants? Peuvent-ils agir de leur propre chef ou doivent ils diluer les décisions dans un groupe?
La mort est inéluctable, que faire quand elle survient nous demande Mélinda ? Que faire pour aider ceux qui restent après le décès nous demande Antoine?
A vous de trouver des réponses, vos réponses, Christophe Wojcik ne fait que vous donner, à travers un court et beau roman des éléments pour votre réflexion.
Service après mort
Chistophe Wojcik
éditions Héloïse d’Ormesson. 17€
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