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Wigga ou de la sorcellerie new-look par Tracie Long

par Pierre de Restigné

Le terme « wigga », qui nous vient d’Outre-atlantique comme par hasard, est encore un terme fourre-tout aux multiples définitions. On en a parlé, et on en parle encore chez nous comme un terme argotique faisant référence à une « personne blanche, généralement un adolescent ou un jeune adulte, qui adopte les modes, les goûts et souvent les manières considérées comme typiques de la jeunesse noire urbaine.« . Donc du domaine du racisme au quotidien.

Ce n’est pas, mais alors pas du tout le sujet de ce livre. Non, ici nous allons apprendre ce qu’est le mouvement wigga qui se définit avant tout comme une nouvelle religion (pas pour rien qu’il provient des USA) menant ses adeptes vers une vie nouvelle. Ce mouvement est apparu dans les années 50 et est basé sur la sorcellerie blanche au motif, en outre, que faire un mauvais sort a pour résultat d’en subir personnellement les conséquences.

Parmi les multiples courants de ce mouvement, existe quelques constantes comme la croyance en une multiplicité de dieux (souvent d’origine scandinave, mais les dieux grecs, romains voire hindous sont loin d’être exclus, c’est tout un chacun qui choisit ses dieux). En outre il s’agit surtout d’une volonté de vivre en harmonie avec les forces de la nature en général et de la terre en particulier.

Bon vous percevez le contexte : les années 50, les États-Unis d’Amérique, une vraie quête de spiritualité que les religions « habituelles » n’assouvissent plus dans une société de consommation basée sur le matérialisme Certains vont aller vers les mouvements hippies, d’autres se retireront dans un ashram au fin fond de l’Inde.

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Si certaines de ces « voies » ont disparu, d’autres, comme le mouvement wigga perdurent. Bien sûr, une personne ayant une culture laïque à la française, n’est pas loin de penser à un phénomène sectaire et non à une religion. Or là n’est pas le problème, même si certaines branches du wigganisme peuvent ressembler à une secte comme l’organisation alexandrienne, très, très hiérarchisée. Car il y a différentes sortes de sorcières (nom des adeptes du wigga qui sont essentiellement, mais pas exclusivement, des femmes) comme celles de l’augure, les celtiques, les cérémonielles ou encore les éclectiques, les féeriques, les vertes, les héréditaires, les solitaires, etc. Autant de branches, autant de pratiques qui peuvent, suivant le mouvement, être opérées seules ou à plusieurs.

Dans son livre,Tracie Long nous expose clairement et avec une vraie pédagogie les élément essentiels du wigganisme.

On commence  avec les déités. La plus importante (pour toutes) sont la Triple déesse et son « époux », le dieu cornu. Mais il y a aussi Flidais, Hécate, Jana, Arawn, Mars ou encore Ogma. C’est à travers leur invocation que les sorcières vont pouvoir lancer leurs sorts. Après, il y a les symboles utilisés : le pentagramme, l’hexagramme, le labyrinthe ou encore la corne d’abondance, la roue à trois rayons ou la lune triple.

Cela posé, il est nécessaire que la sorcière se dote des instruments pour son travail : le livre des ombres (sorte de journal dans lequel sont inscrit les sorts, leur efficacité, etc.). Sinon, rien de plus normal que d’avoir une baguette magique, un balai, un chaudron  mais aussi un encensoir, un calice, une boline (sorte de serpe), une cloche, des cordes et j’en passe… Et bien sûr un autel sur lequel vous devez disposer les objets suivant un ordre précis sauf pour ceux que vous pouvez mettre n’importe où comme les fleurs, les huiles essentielles, etc. Cela étant fait, il faut aménager un espace sacré qu’il est nécessaire de purifier, en quelque sorte de consacrer.

Maintenant au travail. Mais n’oublions pas que le mouvement wagga est lié au rythme de la nature (avec la prise ne compte de l’astrologie et des cycles lunaires) avec des fêtes obligatoires : les 8 sabbats 4 majeurs et 4 mineurs qui tombent à des dates précises chaque année. Il ne faut pas les confondre avec les esbats qui sont les jours et les nuits consacrés au travail magique.

Pour chaque sabbat, l’autel doit être dressé d’une façon précise et l’officiant doit suivre un rituel particulier ( une petite remarque pour le sabbat de Beltane qui a lieu le 1 mai, il faut mettre un melon sur l’autel. Or, ce n’est pas, dans nos contrées, la saison du melon et pourtant nous sommes dans une démarche qui respecte le rythme de la nature!). Le travail est différent suivant les 5 éléments : la terre, l’air, le feu, l’eau mais aussi l’esprit. Il l’est aussi avec les bougies, vous n’allez pas confondre la puissance d’une bougie verte avec une jaune (j’ai un petit problème avec les bougies : de quelle matière doivent elles être ? Paraffine, cire synthétique, cire pure d’abeille ? Rien n’est précisé, mais je ne doute pas que la matière même de la bougie doit avoir une influence sur les résultats escomptés quand on formule un sort).

On apprend aussi les pouvoirs des différente sorte d’herbes, d’huiles et d’encens (à ce niveau j’ai une petite remarque à formuler : l’encens est est une résine aromatique obtenue à partir d’arbres du genre Boswellia. Donc un produit on ne peut plus naturel qui sert depuis la nuit des temps dans grands nombres de rituels religieux. Or, suivant les rites ou les sorts, il est conseillé de se servir d’encens parfumés, c’est à dire de bâtonnets totalement chimiques bien éloignés des vertus de la Nature.

On finit par quelques incantations et quelques sorts comme pour régénérer notre énergie spirituelle, pour avoir un peu plus d’argent ou pour bien vendre sa maison ! Et aussi, car c’est un des aspects de la sorcellerie, l’art divinatoire : la céromancie (art de deviner dans la cire des bougies), les tarots (pas celui de Marseille très « franco-français, mais les tarots Rider-Waite), le célèbre pendule, les feuilles de thé  (munissez-vous d’une tasse Nelros, spécialement conçue pour cette utilisation) ou encore les runes.

Alors que pensez de cette « religion ». Sûrement très efficace comme effet placebo !

Mais ne dire que cela serait caricatural. C’est avant tout une démarche spirituelle plutôt en accord avec la nature. Soit, c’est une sorte de soupe américaine qui prend en compte bien des cultures : nordiques, occidentales mais aussi chamaniques, mais le but est d’être serein avec soi-même et progresser sur le chemin de la spiritualité. Si tel est le cas c’est une démarche noble qui mérite non seulement toute notre attention, mais aussi notre entier respect.

Wigga
Tracie Long
éditions Albin Michel. 14€90
Collection Les clés de l’ésotérisme

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