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Demi-pensionnaires de Mona Granjon, une BD sur notre époque comme on les aime !

par Émile Cougut

Ah l’adolescence ! Ah les adolescentes ! Voilà un thème qui est régulièrement repris dans les bandes dessinées. Sans revenir à Agrippine de Claire Bretecher, on peut penser à la série des Lou ou encore à Retour au collège de Riad Satouf et je ne parle pas de toutes les séries des Manga qui abordent ce sujet. De fait, pour tous les scénaristes et les dessinateurs, la difficulté consiste à sortir du lot, à être original pour toucher le plus grand nombre de lecteurs (trices).

C’est ce qu’une jeune autrice, Mona Granjon, vient de faire avec Demi-pensionnaires. Deux jeunes filles, amies de toujours entrent en troisième. Cette année est charnière, le passage du collège au lycée, le basculement vers le monde des adultes enfin tel que l’imagine à cette âge là, Mona et Zoé.

Mais voilà, elles ne seront pas dans la même classe et ne pourront se retrouver que lors du cours d’allemand. Mona se retrouve non seulement dans la même classe mais aussi à côté de Louis le branleur (il est de notoriété publique qu’il se serait adonné à l’onanisme dans le vestiaire de son club de hand-ball), la honte ! À l’opposé Zoé est avec Coralie qui fait tout pour qu’elles deviennent amies. Ce qui ne va pas sans développer une certaine jalousie chez Mona.

Lors d’une soirée pyjama chez Coralie, les deux héroïnes partent rejoindre Louis et deux de ses amis Luc et Simon, un grand qui est au Lycée. C’est lors de cette soirée qu’elles vont commencer à dépasser certains interdits, à passer des sortes de rites de passages : premiers baisers, première bière, premières «tafs» (et pas que de tabac). Zoé est plus libérée que Mona, elle est prête à faire l’amour, à plonger dans un univers qui fait peur à son amie.

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Un voyage scolaire à Berlin continuera à les faire progresser. Leur relation est pleine de jalousie, d’incompréhension mais surtout de sororité qui leur permet de rester toujours aussi unies malgré les crises qui les traversent. Il est certain que Mona souffre plus que Zoé dans leur relation, qu’elle se montre plus timorée, qu’elle n’ose pas faire, s’impliquer comme dans sa relation avec Louis.

Mona Granjon décrit parfaitement cette époque que chacun de nous à connu. Elle n’hésite pas à montrer la cruauté, la méchanceté de cet âge. Ce n’est pas volontaire, aucun volonté de faire du mal, mais les piques fusent plus pour se mettre en valeur par rapport aux autres que pour blesser la victime. Un univers de violence, ne l’oublions pas, qui peut très mal finir avec les conséquences du harcèlement scolaire (sujet non abordé dans cette histoire). L’autrice nous montre une vision crue, non édulcorée, loin des fantasmes qu’on les adultes de cette époque passée pour eux (Le vert Paradis des amours enfantines, si cher à Baudelaire), en oubliant les (très) mauvais côtés. Il est certain que l’autrice replonge les adultes dans ces années où ils ont vécu les mêmes troubles, la même impatience, la curiosité vers un univers qui nous aspirait inéluctablement, l’Amitié à la vie à la mort, cette méchanceté, souvent ni comprise ni mesurée.

Il est certain que Mona Granjon s’est plongée dans ses souvenirs pour dessiner cet opus.Regardez bien page 6, dans la liste des élève de la classe de Mona se trouve une certaine… Mona Granjon !

Le dessin est minimaliste, tout en rondeur, en noir et blanc, restituant parfaitement les expressions faciales de chaque personnage. On est pas loin des personnages de certains dessins animés comme South Park ou Astro Boy.

Tout est vrai, tout est d’un grand réalisme, ce qui fait de Demi pensionnaire, une bande dessinée qui doit trôner en bonne place dans les bibliothèques.

Demi-pensionnaires
Mona Granjon
éditions Rivages. 23€

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