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Attention c’est du bon, grimaces pour les uns, rires étouffés pour les autres

par Émile Cougut

Tout est dans le titre de cet excellent polar: Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre.
Le docteur Victor Baunard est un vrai justicier, quasiment du style des héros des comics américains : il a décidé de débarrasser l’humanité des personnes qui nous « pourrissent » la vie, qui nous empêchent de vivre harmonieusement au quotidien. Bon, soit, il « s’occupe » essentiellement des personnes qui le gênent ou qui représentent une sorte de potentiel danger pour son entourage. Il a une démarche plus égoïste que fondée sur des grands principes présidant aux valeurs humanistes. Tuer n’est pas un but en soi, c’est le moyen employé en dernière instance : le chantage peut s’avérer tout aussi efficace, le tout c’est de ne jamais pouvoir être soupçonné et quand bien même cela arrive, il sait être impassible, voire même faire la « vierge effarouchée », pure et sans tâches, outré que l’on puisse lui prêter de telles démarches, lui a prêté le serment de soigner les gens et non de les tuer.

Il commença très jeune, dès l’âge de 7 ans. Sa mère qui lui édictait plus d’interdits que de tendresse, fut poussée dans l’escalier et ne se releva pas. Sorti de la faculté de médecine, il s’installe à la Ciotat et se fait rapidement une belle clientèle tant il est empathique avec sa patientèle, efficace dans ses diagnostics, n’hésitant pas à prendre son temps. Parmi ses patientes se trouve Framboise, l’épouse du capitaine des pompiers. Très vite, ils deviennent amants. Victor devient ami du couple chez qui il est régulièrement invité. Il finit par s’apercevoir que Tristan, le mari, sous ses dehors affables est un pervers narcissique violent qui martyrise Framboise. En plus, il est très amoureux de la très très belle femme. Aussi, il élimine ce parasite à son bonheur (immolation par le feu lors d’un barbecue).

Les deux amants vivent enfin une relation fusionnel au vue de tous, ont même un enfant. L’épouse du maire magouille avec un agent immobilier promoteur, ces deux là sont éliminés (chute d’une falaise). Un rappeur, à la tête d’un trafic de drogue dans les quartiers nord de Marseille s’avère être un homme violent, violeur, il décède en garde à vue (empoisonnement). Ce n’est pas fini, le prêtre local s’avère être pédophile, le jour de son mariage avec Framboise, ce dernier, comme par hasard est victime d’un syndrome de Quick (allergie aux arachides).

Mais Framboise comprend qui est son mari.

Olécio partenaire de Wukali

La fin au dernier chapitre.

Je n’ai pas fait allusion à la belle Amandine, gardienne de la paix qui devient la maîtresse de Victor et celle de Framboise. Histoire parallèle, montrant la quête de tendresse des deux amoureux et aussi pour quelques descriptions de parties de jambes en l’air. Un roman à ne pas mettre dans les mains des pudibonds ! Mais ayant une certaine « liberté » sexuelle, c’est un moyen de montrer l’aspect « hors normes » de leur couple et de leur façon de vivre. A amour fusionnel, total, sexualité libre, car, dans ce couple chacun recherche le bonheur de l’autre, le sien y trouvant ses sources, donc liberté totale pour son partenaire qui n’est pas le/la prisonnière de son conjoint (e).

Qui n’a jamais souhaité la mort d’une personne qui nous « gêne » ? Je n’en connais pas ! Victor, lui passe à l’acte, sans aucun scrupule, ses scrupules qui nous empêchent, de fait, d’agir. Cela ne veut pas dire qu’il ne se pose pas des questions. Mais ce sont ses réponses qui lui donnent « bonne conscience » et le poussent à passer à l’acte.

En lisant Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre ce roman plein d’humour de Vincent Baguian, j’ai pensé à un téléfilm de Claude Chabrol, il y a plus de 30 ans, avec Michel Serrault, si je ne m’abuse, qui chaque fois qu’une personne l’énervait, s’il souhaitait sa mort, il mourrait. Ou encore Les jurés de l’ombre, le très bon livre de Patrick Hutin qui devrait être réédité.

Un médecin psychopathe, amoureux, voilà un héros rarement rencontré. Un médecin psychopathe amoureux que l’on finit par comprendre et apprécier, fallait le faire !

Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre
Vincent Baguian

éditions Plon. 20€

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